Bien la peine d'avoir passé des vacances durant mon enfance à Barcarès, de connaître la région depuis 30 ans et d'y vivre depuis 12 ans, pour ne pas connaître l'histoire de ce bateau !
Je pensai que ce bateau avait échoué sur cette côte; Grave erreur ! j'ai trouvé son histoire intéressante.
A la fin des années 60, le gouvernement de Charles de Gaulle lance un vaste plan d'aménagement touristique du littoral du Languedoc Roussillon: la mission Racine. Ce plan ambitieux inclut le littoral du Barcarès à Leucate, quasiment vierge jusqu'alors.
Conçue par l'architecte Candelis pour la SEMATA, société d'économie mixte chargé de l'aménagement de notre côte, dirigée par Gaston Pams, Port Barcarès est une ville à naître, parmi d'autres. Une ville surgit des sables, à inventer. Ludovic Pams, administrateur de la SEMATA lance l'idée d'associer à ses futurs ensembles immobiliers la silhouette d'un paquebot. Premier immeuble de la station, celui-ci deviendra son phare, son emblème. Reste à concrétiser ce projet totalement déraisonnable. Nous sommes en 1967, l'aventure barcarésienne du Lydia commence...
1931:mise en service du paquebot-cargo baptisé Moonta qui navigua jusqu'en 1955 et emportera 160 passagers et 35 membres d'équipages dans le Golf Trip. Deux cales lui permettent d'assurer le trafic des marchandises.
1955: Il quitte les mers australes pour naviguer en Méditerranée sous le nom de Lydia. Sa capacité passagère est triplée, sa coque repeinte en blanc.
1966: Retiré de la navigation, il est acquis par la SEMATA avec l'initiative de Gaston PAMS pour être ensablé. Expérience folle, innovante et jamais renouvelée. Symbole du nouveau cap pris par la région et de l'esprit pionnier qui régnait à l'époque, le grand paquebot blanc sera l'âme et le cœur de la station à naitre.
Un chantier pharaonique et une aventure périlleuse,
Amarré le 3 mars au poste de Marseille, le Lydia va y subir pendant 3 mois de nombreuses transformations. En dépit des apparences, le paquebot blanc a cessé d'être un navire, juridiquement et administrativement. il n'est plus qu'un engin flottant avant de devenir plus tard un immeuble. En attendant la Société hollandaise ZANEN a ouvert au Barcarès un chantier pharaonique: le creusement d'un port artificiel qui ne servira qu'une fois et pour un seul navire !
Dimanche 11 juin 1967 :le dernier voyage du Lydia entre Marseille et Barcarès,
A 4h30, le paquebot pointe son nez à Barcarès. Le plus délicat reste à accomplir. il faut conduire le bateau jusqu'au milieu de la plage à travers l'étroit chenal creusé sur 600 m de long et 7 m de profondeur. Des élingues sont alors frappés à la proue du paquebot puis portés à terre et solidement amarrées à la poupe du navire afin de le maintenir dans l'axe du chenal. Les Caterpillar font vrombir les moteurs. Les élingues se tendent. Bien aligné par la poussée des remorqueurs; le Lydia s'ébranle lentement et avance entre les bouées. Mètre après mètre, il pénètre à l'intérieur des terres. La tension est extrême, la moindre fausse manœuvre serait sanctionné par un échouage. Mais huit heures après le début des opérations, le Lydia s'immobilise à l'emplacement prévu. L'ensablement définitif prendra 3 semaines et attirera des milliers de touristes.